La chapelle Saint Aubin

La chapelle Saint-Aubin de Moeslains est construite sur un promontoire dominant la vallée de la Marne, et anciennement occupé par un ensemble fortifié dit castrum mediolanum ou melianum castrum. Ce siège de l’un des plus puissants seigneurs du Perthois, autour duquel s’est déjà développée une bourgade, est attesté dès le VIIème siècle. Selon la tradition, le château et le village furent détruits en 1544 par les troupes impériales. La nouvelle agglomération s’installa plus bas dans la vallée. D’après l’abbé Brunon qui gouverna le Der entre 1050 et 1082, l’église Saint-Aubin aurait été fondée au VIème siècle par saint Louvent et dédiée au Saint-Sépulcre, à Sainte-Marie, et à Saint-Etienne. Ce premier édifice était encore debout lorsque Brunon décida d’édifier une nouvelle chapelle. La date de début de la construction doit être comprise entre 1063 et 1107.
L’église fut probablement incendiée pendant la guerre de cent ans ; la date de 1431 a été avancée. Le chœur de la chapelle accueille vers 1490 les reliques de Saint-Aubin, auquel l’édifice est dédicacé. Les reliques furent à l’origine d’un pèlerinage. La partie orientale fut probablement construite à cette occasion. L’édifice présente donc un aspect composite en raison de la juxtaposition de deux parties très différentes ; la partie occidentale avec sa nef romane de la fin du XIème siècle et deux bas-côtés reconstruits vers 1845, et la partie orientale gothique réalisée vers 1490. La sacristie fut, quant à elle, vraisemblablement ajoutée en 1666.

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Durant les XVIIIème, XIXème et XXème siècles, divers travaux furent effectués. Les plus importants se déroulèrent selon la chronologie suivante : 1845 : élargissement des bas-côtés. Réfection du mur gouttereau du bas-côté Sud et du retour à l’Ouest ; réalisation de fondations sur pieux en chêne (non retrouvées) ; réfection des maçonneries de la partie supérieure de la façade occidentale ; réfection des couvertures ; pose d’un nouveau portail occidental ; reprise du bas-côté Nord. 1867 : travaux de couverture. 1922 : consolidation du chœur (reprise des fondations en sous-œuvre, remaillage des maçonneries et reprise des fissures). 1957 : consolidation de l’angle Nord-ouest (reprise des fondations en sous-œuvre) ; consolidation intérieure du chœur ; rejointoiement des maçonneries compris arc triomphal et voûtes ; reprise des maçonneries de moellons ; pose de carreaux de terre cuite ; travaux de couverture. 1971 : réfection des couvertures. 1979 : restauration des vitraux à verre losangé. 1980 : réfection de menuiseries extérieures. 1989 : étude préalable pour la restauration des toitures et des maçonneries extérieures par J-M Musso, ACMH. 1991 : étude géotechnique. 1995 : fermeture de la chapelle au public. 2012 : sondage de l’angle Nord-est du bas-côté Nord. 2013 : restauration des couvertures de la nef et des bas-côtés compris réfection des arases. Après 2013 : restauration des contreforts côté Sud du chœur. Entretien des toitures du chœur et du transept (démoussage, repiquage).

La chapelle est construite à l’écart du village, à l’angle Nord-est du cimetière, sur un promontoire dont les versants Nord et Est présentent un dénivelé important. Le plan est composé pour l’essentiel de deux parties. La nef et les deux bas-côtés, de quatre travées chacun, sont traités suivant un parti basilical et fermés par un mur-écran à l’Ouest. Le chevet est formé d’un transept composé d’une travée barlongue ouvrant de part et d’autre sur deux croisillons d’une travée droite et d’une abside à trois pans - parti courant à l’époque dans la région - le tout étant voûté d’ogives. On retrouve ce double parti dans la volumétrie extérieure. La partie occidentale romane présente la silhouette caractéristique d’un édifice basilical avec sa nef haute accostée de deux bas-côtés, et sa façade occidentale traitée comme un simple pignon ; le tout présentant un aspect rustique tandis que le chevet gothique, avec ses toitures à plus forte pente et ses appareillages plus soignés, présente une silhouette robuste accentuée par le dénivelé du terrain. Les remplages flamboyants des baies renforcent l’élégante simplicité de l’édifice. Cette dualité est aussi traduite par les intérieurs entre l’espace hiérarchisé des vaisseaux romans de hauteurs inégales, plafonnés ou charpentés aux murs lisses et chaulés, percés de simples trous sans décor (arcades ou fenêtres hautes plein-cintre) et l’espace unifié du chœur gothique, voûté d’ogives à pénétration, recevant la lumière des baies à remplages. A l’intérieur, le sol est en tomettes de terre cuite pour la nef (1957) et dallage à motifs ou à cabochons et carreaux pour le transept et le chœur (1867). Une pierre tombale est présente à l’entrée du chœur dans le transept, et une autre fissurée dans le bas-côté Sud.

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Les parois sont recouvertes d’un enduit grossier badigeonné en plusieurs couches. Ces enduits sont en mauvais état et partiellement lacunaires. Des vestiges de décor peint datés du XVIIème siècle (croix de consécration, faux-appareil) apparaissent sous le badigeon des piles de la nef de part et d’autre du portail occidental, et dans l’ébrasement de la baie haute au Nord-est de la nef. Ces décors ont été réalisés suivant la technique de fresque sur l’enduit de chaux frais. Les croix de consécration des piles de la nef ont été mises au jour et consolidées en décembre 2019 par les restaurateurs de l’entreprise ARTSA (voir rapport d’intervention en annexe). Un sondage réalisé au-dessus de l’arc de la deuxième travée du mur Sud de la nef met en évidence plusieurs teintes de mortier sous les couches multiples de badigeon blanc ; mortier blanc sous la baie haute, mortier rose avec traces de motifs en parement courant, et possibilité d’un décor de mortier gris lissé autour de l’arc. L’autel mouluré du XVIIème siècle reposant sur une estrade bois est dégradé. Il accueille cinq statues. Les deux autels en pierre des croisillons présentent un bon état général. Chaque autel reçoit une statue. Une statue de la Vierge est posée au sol devant l’autel Sud du transept. La clôture du chœur (1867) finement travaillée en fer forgé est relativement bien conservée. Les bancs ont été refaits à neuf récemment.

Saint Aubin autrefois